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Ondine bleue
7 janvier 2017

Le jardin

 

Je suis dans ce jardin

Sans fleurs sans légumes sans fruits

Sans caravane sous l’auvent

 

Je vois la brume et le soleil timide

Quelques feuilles sèchent et humides à terre

Les arbres sont nus lancent leurs branches vers le ciel

Ce jardin a connu de multiples transformations

Image d’une vie sédentaire à construire un nid

Image d’un corps à l’image de son habitant de ses habitants

Image d’un certain confort

Image d’un attachement solitaire aux saisons

Le jardin aux métamorphoses de la peau

Gorgé de soleil, gorgé d’eau ou de vent

Du tas de sable il y a 40 ans à la chaise d’aujourd’hui

Sur laquelle je n’ose même pas m’asseoir

Moi la petite fille je suis là immobile

Elle, la chaise, est là immobile, au milieu du potager

Cette chaise en plastique vide seule

A quoi servait -elle ?

Etait-elle installée ici pour la contemplation le recueillement

Ou était-elle un appui pour le désherbage et l’entretien de la terre ?

Qui allait s’y asseoir ?

L’homme âgé de la maison scrutait-il son jardin d’automne ?

Ecoutait-il tomber les pommes et le craquement des brindilles sous les pattes d’oiseaux ?

 

 Je suis dans ce jardin

Sans fleurs sans légumes sans fruits

Sans caravane sous l’auvent

 

Et je suis dans ce jardin

Les plantations, l’olivier de l’âge mûr, pèle mêle les âges mélangés

Un seul ordre celui des souvenirs qui s’imposent

Anarchiques et sans chronologie

Affectifs olfactifs et visuels, je suis dans ce jardin

Les parties de jonglage l’été, les siestes avant de partir à la plage

Les rires et les jeux de pétanques, une maman encore joyeuse et ses enfants

Une lectrice cachée sous un bob dans un coin de terrasse

Les jeux d’eau à même le sol

Le lavage interminable des coquillages ramassés au bord de la mer

La balançoire fabriquée avec une planche et de la corde pendue entre deux arbres

Un espace de plus en plus restreint pour jouer au ballon

Le fumier du fond du jardin, les cigarettes de l’adolescence, le fil à linge

Le champ mystérieux en friche de l’autre côté, les chats sauvages

Les étoiles de mer à faire sécher qui sentent mauvais

Les haricots du jardin fierté du sans fil, les barbecues, les apéritifs

Les crêpes confectionnées au sous-sol de la maison,

Le galletier brûlant, le lait Ribot, les confitures

Les fraises du jardin comptées dans chaque assiette victimes de leur succès

Gourmandise punie,

L’ennui de l’enfant qui ne veut pas se reposer qui ne sait pas quoi faire

Il n’a pas le droit de traîner dans la maison

Il cherche des bêtises les coins cachés et interdits du jardin

Les expositions au soleil pour bronzer dès le matin

Les petits entrainements au roller

Les fleurs de plus en plus envahissantes

Un jardin tiré à 4 épingles

Des bouts d’enfance qui s’envolent

 

 Je suis dans ce jardin

Sans fleurs sans légumes sans fruits

Sans caravane sous l’auvent

 

Et demain des cendres au vent se poseront

Sur ce jardin

La terre s’imprègnera de ses cendres

La terre jusque dans la transformation du sol

On ne sait jamais où l’on va habiter

On ne sait jamais ce qu’il y a eu avant nous

Ce qu’il y aura après nous

Une vie à entretenir son jardin

Et ne pas pouvoir partir

De son vivant porter l’idée

D’être là et nulle part ailleurs

Et y laisser tes cendres

Pour que tu sois là

Et nulle part ailleurs

 

@Lalinéa Décembre 2016

P1020013

, 6 décembre 2016

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