Femme aujourd'hui
Elle regarde le ciel
De vols en vols d’hirondelles
Aucune voix ne répond à ses appels
Elle se dirige vers une chapelle
Arrivée à la quarantaine
Dans ce monde ultramoderne
Comme une libellule apatride
Sa liberté est sa force et son vide
Un travail un appartement un enfant
La solitude au centre de ses tourments
Elle voit d’autres femmes au quotidien
Qui sont à temps plein dans le train
Accaparées par de multiples tâches
De leur côté, elles rêvent d’une maison
Loin de la famille et ses obligations
Elles lui envient ses moments de relâche
Ces moments où les minutes s’étirent
Et où l’espace se décline au gré de l’air
Ces moments où elle peut réfléchir
Et retrouver les embruns de sa sphère
Dans le silence de la pièce
L’enfant qui court est le sien
Si grand déjà, plus rien ne le retient
Elle espère qu’il gardera sa gentillesse
Antivol de l’amour qu’a - t-elle choisi ?
Glisser la bague à son annulaire gauche
Construire avec un homme appelé mari
Effleurer sa vie comme une ébauche
À l’ère des transformations familiales
Bénévole de l’amour, qu’a-t-elle choisi ?
La jachère du concubinage gratuit
Et ses inventions conjugales
Ou, en quête d’équilibre
Dans une relation idéale,
La moisson de l’amour libre
Et ses floraisons matinales
Elle n’a pas pu tout appréhender,
Ce qu’elle a cru choisir s’est défilé.
Trop de pressions atmosphériques
Pas assez de passions magiques
Aux séparations, les isolées s’inventent
Elles s’unissent et créent un fleuve
Traversant les peurs quand il vente
Leurs partages sont des peaux neuves
Quand la famille devient réduite
Malgré les écarts de conduites
Chacun aime retrouver ses empreintes
Et parler autour des âmes défuntes
La solitude devient féconde
Riche de nouveaux horizons
Elle incite les bonnes ondes
A faire escale dans les relations.
Elle s’installe aux grandes tables
Rieuse, elle met de l’éclat
Et rend le monde capable
D’écoute sur les plus grands débats
Elle s’installe au fond de la nuit
Tenace, elle agit sans bruit
Sur les doutes et les esprits
Quelques mots auraient suffi
Mère de sensations ambivalentes
Elle peut habiter un être
Rendre ses idées intolérantes
Et lui fermer des fenêtres
Elle peut transformer des habitudes
Dépendante d’un lien illusoire
Comme un boulevard de certitudes
Les réseaux deviennent son exutoire
Elle et Elle libres comme l’air
Elles se côtoient et s’apprivoisent
Elles s’aiment et sont colocataires
Solidaires elles mêlent leur ardoise
© Lalinéa