Lettre
Après de nombreux sacrifices
J’espère toujours te voir mon fils.
Je t’imagine en garçon heureux
Dans un foyer merveilleux.
On m’avait promis que je pourrais te voir
Quelques minutes au milieu du parloir.
Tous les jours grandit mon espoir
De sortir de ce long couloir
Princesse mère incarcérée
Isolée, du haut de ma geôle je t’attends
Tu occupes toutes mes pensées
Tu me manques tellement
Je pense au moment où tu seras là
Je pourrais peut-être te serrer dans mes bras
J’espère que tu me reconnaîtras
J’espère que je ne pleurerai pas
Je m’imagine nos retrouvailles
Et puis j’ai peur des représailles
Dans ton regard dans ta froideur
J’ai peur d’y lire de la rancœur
On m’a bien dit qu’aucun enfant
Ne peut oublier sa maman
Mais quand même je doute
Parce qu’un jour j’ai fait fausse route
Je vois bien tous tes dessins
Pleins de couleurs et de câlins.
Les « pour maman » si bien écrit
Qui me montrent comme tu as grandi
Il y a si longtemps que je ne t’ai pas vu
Que j’appréhende notre entrevue.
Je ne me sens pas à la hauteur
Pourtant tu restes mon seul bonheur
Un jour dans pas si longtemps
Tu comprendras que ta maman
À déborder lors d’une querelle
Il était la bête j’étais la belle
Armée de contes de fées
Belle au bois dormant endormie
De mon corps il a pris la clé
Dans une douleur infinie
Belle au bois dormant réveillée
J’ai cherché à me venger.
Mon prince-guerrier n’a pas supporté
Il a voulu m’enfermer
Aujourd’hui je regrette
Je ne suis plus de la fête
De toute ton enfance
Tu n’auras connu que mon absence
Toutes ces premières années
Loin de tous tes progrès
Premiers pas premiers mots premier cartable
T’élever j’en aurais été capable
Mon fils pour t’écrire cette lettre
J’ai travaillé ma rime
De l’arbre de notre bien-être
Je voulais atteindre la cime
© Lalinea